Le Cardinal Lavigerie (1825-1892) 2ème partie : l'Afrique Noire
Publié le 5 Février 2023
Le Cardinal Lavigerie (1825-1892)
« Un géant de l’apostolat » 2ème partie : l'Afrique Noire
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e nouveau primat d’Afrique oriente résolument l’action des Pères blancs sur l’Afrique équatoriale ; vers le Soudan français à l’ouest et les grands lacs à l’est, principalement en Ouganda.
Les populations jeunes et pauvres accueillent les missionnaires avec enthousiasme et, dès 1879/80, les conversions sont multiples, ce qui fera dire au père Lourdel que « l’heure de la grâce semble vraiment avoir sonné pour ce cher peuple
de l’Ouganda ». Même les rois locaux comme Mtesa se montrent, au début, favorables aux Pères blancs. Mais leur vie, centrée sur la polygamie (Mtesa a jusqu’à 2000 femmes dans son harem), enrichie par le trafic d’esclaves avec les arabes trafiquants les mettent très vite en conflit avec le christianisme, d’autant que les pages du roi sont, par leur vie exemplaire, un reproche permanent. La 1ère victime, en 1885, est Joseph Musaka, condamné au supplice du feu avec calme et courage, pour la simple faute d’être chrétien ; « Tu diras à Mwanga qu’il m’a condamné injustement, dit-il à son bourreau, mais que je lui conseille de se repentir. S’il ne le fait pas, il aura à plaider avec moi au tribunal de Dieu ». En 1886, la persécution sanglante se répandit ; Charles Luanga, chef des pages, fut le premier, brûlé à petit feu sous les moqueries de son bourreau auquel il répondit : « Pauvre insensé, en ce moment, c’est de l’eau que tu verses sur mon corps ; mais, pour toi, le Dieu que tu insultes te jettera dans le vrai feu ».
La principale cause de cette férocité vient des arabes qui flattent les rois pour pouvoir continuer leur trafic ; Lavigerie lance donc une véritable croisade anti-esclavagiste : « Évêque, chargé par le Saint-Siège d’évangéliser un partie des contrées immenses où l’esclavage règne encore en maître, je le dénonce en face des saints autels, avec la liberté de mon ministère ; au nom de la justice, au nom de l’humanité, au nom de ma Foi, au nom de mon Dieu, je lui voue une guerre sans merci et je le déclare anathème ».
En effet, observant l’effet destructeur du christianisme sur leur fructueux commerce, les arabes vont jusqu’à prendre le contrôle des royaumes locaux, faisant et défaisant les rois à leur convenance.
Malgré son âge et son immense fatigue (1888/90), Lavigerie se lance dans une vaste campagne européenne, par des conférences et des écrits. Le succès est immédiat ; les gouvernements européens vont devoir agir ; d’autant que des personnalités aussi improbables que Jules Simon en France ou Bismarck en Allemagne lui témoignent officiellement leur admiration et leur soutien. En outre, des « comités anti-esclavagistes » naissent sur tout le continent. Les États interviennent ; les arabes reculent.
Usé par toutes ses entreprises, le cardinal se retire en 1890 dans son évêché d’Alger pour y mourir et y être enterré. Son activité, il a pu l’accomplir avec de faibles moyens. A sa mort, les Pères blancs sont 235 et les sœurs 96 ; mais la semence porte des fruits : à la fin des années 30, les pères seront 2000 et les sœurs, 1500, portés par cet appel de leur fondateur : « C’est à cette vie de pauvreté, de dangers, d’épreuves de toute sorte et de martyre, s’il le fallait, que nous osons convier nos frères de France à qui Dieu fait entendre au fond du coeur, l’appel de sa grâce ». G.G.
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ur la photo, les jeunes numérotés correspondent à 20 des 22 martyrs de l’Ouganda, suppliciés en Ouganda entre 1885 et 1887, sous le règne du roi Mwanga. Au centre, Charles Lwanga, grand athlète d’une vigueur peu commune. Le roi lui avait confié un groupe de pages à qui il enseigne, en cachette, le catéchisme. Le roi décide de le brûler à part, d’une manière particulièrement cruelle. En haut à droite de la photo, sous le numéro 18, figure le plus jeune de ces martyrs, Saint Kizito, âgé de 13 ans au moment de son martyre. Ces martyrs sont fêtés le 3 juin.