Germaine de Sonis, 1866 – 1945

Publié le 29 Août 2022

Germaine de Sonis, 1866 – 1945


La fille du grand soldat chrétien que fut le général de Sonis nourrit une profonde admiration pour son père dont elle hérite le caractère bouillant et volontaire. On note dans son carnet, alors qu’elle n’a que 11 ans : “ je combattrai mon orgueil, je serai charitable et soumise, et je tâcherai de toujours dire la vérité. Je serai fidèle à dire mon chapelet, à faire l’examen, à porter le scapulaire et à faire tous les jours la communion spirituelle avec une invocation au Sacré-Cœur.” Germaine a en effet un tempérament ‘sanguin’ qu’elle s’efforce de vaincre dès le plus jeune âge, à l’imitation de son père.

 

Elle devient très sage, pieuse, travailleuse, est reçue avec éloge au brevet (1883) et sa vocation religieuse s’affirme sous les yeux d’un père qui rend son âme à Dieu le 15 août 1887. Germaine est décidée, éconduisant ses multiples soupirants, elle entre au carmel de Laval en 1892 ; un carmel de stricte observance où elle apprend humblement la pauvreté, l’humilité, l’obéissance : “on n’est malheureux en religion que si l’on se ménage ou si l’on se partage, que si on pense plus à soi qu’au bon Dieu, que si l’on refuse quelque chose, que si l’on n’est pas fidèle. Autrement on goûte le bonheur le plus pur qui puisse se rencontrer sur terre, celui qui confine le plus au bonheur du ciel.

Elle est bientôt envoyée au carmel de Nancy (1897) où elle devient rapidement maîtresse des novices puis prieure (1901) au moment où la lutte anticléricale se déclenche. Il lui faut courir les routes de Belgique pour trouver un nouveau point de chute. Ces voyages sont l’occasion de lettres à ses religieuses qui montrent une grande exigence pour l’amour du Divin Maître : du caractère, de la volonté, tous les courages ; des actes héroïques ; mais tout cela empreint d’une grande affection maternelle. Ainsi, un de ses billets : “Mes chères petites bien aimées, merci, merci de vos filiales et douces paroles… Je sais quelqu’un qui vous sourit tendrement du haut du ciel, et me dit aussi que chacune est la ‘préférée’ du général ‘grand-papa’ et de sa maman.

15 août 1914, le carmel est au cœur de la bataille. Mère Germaine de Jésus n’hésite pas ; le carmel devient ambulance. Les religieuses accueillent, donnent le peu qu’elles ont et se mettent entre les mains du Divin Maître. Les Français refluent et le carmel se retrouve, pendant 4 ans en territoire occupé par les allemands : suspicion de résistance ; menace de fusiller ces “espionnes”; rien n’atteint la mère prieure qui, comme toujours, trouve la force de réconforter ses filles et de maintenir la joie dans l’adversité.

L’après-guerre est pour mère Germaine une course de 5 années de recherche, pour le retour de son carmel en France, malgré nombre de mauvaises volontés (y compris cléricales). Enfin, en 1923, le nouveau carmel peut s’implanter à Verdun.

A la mort de sa mère, en 1927, l’ouverture du tombeau étonna le fossoyeur par la lourdeur du cercueil du général. On vit qu’après presque 50 ans, le corps était intact, toujours souple. De 1929 à 1939, appuyée par l’évêque de Chartres, elle déploie toute son énergie à faire avancer la cause de béatification. Cela ne la détourne en rien de son devoir de prieure tant apprécié par les sœurs; Redevenue moniale par humilité et obéissance à la règle (1932), elle est réélue en 1935 et sera maintenue par la communauté jusqu’à sa mort…

1940, l’invasion allemande remet les sœurs sur les routes ; c’est l’exode avec son cortège de malheurs, de lâchetés et d’héroïsme. L’objectif des carmélites est Moulins ; mais elles se retrouvent à Lyon puis à Dijon. Enfin, à l’automne 1940, bravant tous les dangers, mère Germaine peut réintégrer le carmel de Verdun ravagé (en zone interdite). Cette vieille femme, elle a 76 ans en 1941, se rend sans papiers, roulant allègrement l’occupant, à l’invitation de l’évêque de Chartres, toujours accompagnée de l’épée du général, pour conférer avec le vice-postulateur de la cause de son père.

A partir de 1942, affectée d’un zona et d’une néphrite, elle entre en agonie ; une agonie douloureuse qui va durer trois ans sans l’empêcher de remplir ponctuellement sa tâche de prieure. Elle rend son âme à Dieu à 80 ans, à Noël 1945, laissant à ses filles ce testament :

Vous leur direz de ma part de s’aimer...d’autres seront peut-être plus austères, plus mortifiées, plus silencieuses, vous ce sera la Charité.

G.G.

 

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Rédigé par paroissedechaumontsurloire

Publié dans #Formation, #Le sujet du mois

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