A l’école des saints : Bienheureux Michael Mac-Givney (1852-1890), une vie de prêtre.
Publié le 12 Février 2025
D. Brinkley et J. Fenster – ed. Première partie - 2021
Au sortir de la guerre de sécession, l’Amérique entre dans une période de forte croissance industrielle et démographique. La société, dominée par la pensée protestante, se développe sur l’idée du « rêve américain » c’est-à-dire recherche de l’enrichissement, signe de la bénédiction Divine. Au cours de cette même période, la croissance démographique s’opère par une immigration massive principalement assurée par les Irlandais. Le clergé catholique est donc submergé par l’arrivée de ces migrants et doit déployer une énergie considérable pour accueillir ces nouveaux fidèles ; cela dans un contexte social difficile dominé par un regard acéré sur la réussite matérielle. Un évêque de l’époque observe que les prêtres, sollicités jusqu’à l’épuisement, dépassent rarement les 50 ans et n’atteignent jamais les 70 ans.
/image%2F0994609%2F20250212%2Fob_e41f12_michael-mac-givney-1852-1890.jpg)
Aîné de 12 enfants, dans une famille d’immigrés irlandais installés à New-Haven, ville ouvrière du Connecticut, Michael, dès son plus jeune âge, apparaît comme un garçon solide et entreprenant : « L’homme est besogneux, curieux et déterminé. Loin de fuir le monde, il s’y plonge pour mieux le comprendre, l’aimer et bientôt le transformer. Dans ses apostolats, le jeune abbé applique la célèbre devise de son contemporain don Bosco : ‘aimez ce qu’ils aiment, ils aimeront ce que vous aimez’. » Ordonné en 1877, il est nommé à Sainte Marie de New-Haven où il reste 7 ans au service de 2 curés successifs très affaiblis par une tâche écrasante.
C’est donc lui qui fait fonctionner la paroisse avec autorité et esprit pratique. Très proche de ses paroissiens, un confrère le décrit ainsi : « Le rencontrer, c’était aussitôt lui faire confiance, et les plus vieux du quartier, au-devant de qui il allait souvent et à qui il consacrait toujours de son temps, même les jours les plus chargés, le disaient saint et y croyaient fermement. » En 1882, un jeune voyou assassine le chef de la police locale ; condamné à la pendaison, l’abbé l’accompagne et réussit à le transformer totalement. La veille de son exécution, le jeune homme écrit à sa mère : « Maman, ne pleure pas pour moi ! Je serai bientôt dans un endroit meilleur. Imagine si j’avais été tué cette nuit-là et si j’étais mort sans avoir le temps de m’y préparer ; imagine à quel point la situation serait pire que celle-ci. J’ai demandé à Dieu de me pardonner mes péchés et je crois que je mourrai d’une mort paisible. »
/image%2F0994609%2F20250212%2Fob_be3149_michael-mac-givney-1852-1890-une-vi.jpg)
Le père Mac-Givney est obsédé par un double souci : assurer l’unité des familles et offrir aux jeunes hommes un cadre associatif leur évitant la tentation des sociétés secrètes innombrables en Amérique. Il a constaté que lorsque le père de famille devient incapable de travailler ou meurt, la famille est désemparée et le juge, s’il considère que le manque de ressources empêche une éducation digne pour les enfants, décide de les retirer à leur mère. Quant aux jeunes hommes il leur faut une vie sociale saine, propre à en faire de bons pères de familles. Il crée donc l’association des « Chevaliers de Colomb » qu’il confie à un groupe de laïcs. Son objet était « premièrement de décourager les hommes d’intégrer des sociétés secrètes en offrant aux membres des avantages similaires, sinon meilleurs. Deuxièmement, d’unifier les hommes du diocèse d’Hartford dans notre Foi, et de gagner par là en force pour nous aider mutuellement en cas de maladie, nous assurer un enterrement décent, et assister financièrement les familles des membres défunts. » Ainsi, face à la détresse de ses fidèles il suit les pas de Saint Joseph préférant toujours l’action au bavardage. L’association connaît un franc succès ; elle compte 2000 membres en 1890 et 800 000 en 1922, elle s’implante alors en France (l’un de ses premiers membres est le Maréchal Foch) pour dépasser les 2 Millions aujourd’hui. Les dirigeants américains se tournant vers la France lui ont dit : « En France, vous êtes si proches d’une réalité spirituelle d’une telle puissance que vous ne la voyez plus. En rejoignant la famille des deux millions d’hommes à travers le monde, nous voudrions que vous puissiez vivre et intérioriser cet héritage dont vous êtes dépositaires pour le faire croître et rayonner bien au-delà de vos frontières. » nommé curé d’une autre paroisse en 1884, l’abbé meurt d’épuisement peu après ; il a 38 ans. Déclaré vénérable par Benoît XVI en 2008, il est béatifié par François en 2020 sur le constat d’un miracle (guérison in utero d’un enfant trisomique) G.G.
/image%2F0994609%2F20250212%2Fob_d23f70_portrait-de-michael-j-mcgivney-par-ri.jpg)