Série sur la liturgie - La messe expliquée - L’homélie (Liturgie de la Parole suite)

Publié le 24 Janvier 2025

 

 

Série sur la liturgie

La messe expliquée

L’homélie (Liturgie de la Parole suite)

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La liturgie de la Parole dont nous avons commencé à parler le mois dernier, se poursuit avec l’homélie. Au temps de Notre Seigneur, la Sainte Écriture était lue et commentée par un prêtre ou un ancien. Le chef de la synagogue pouvait également solliciter pour cette activité liturgique toute personne qu’il jugeait compétente. C’est ainsi que Jésus, au début de sa vie publique, a pu commenter dans la synagogue de Capharnaüm l’extrait biblique d’Isaïe qu’il venait de proclamer. « Jésus referma le livre, nous dit Saint Luc, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : ‘ Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4, 20-21).

Lors de l’homélie, les pasteurs (prêtres, évêques), exercent  l’une  des  trois « fonctions » (tria munera) de leur sacerdoce : celle d’enseigner les âmes. Il s’agit pour le prédicateur d’actualiser le texte biblique, d’en faire ressortir tel ou tel aspect de nature à fortifier la foi des fidèles et à les préparer à entrer dans la célébration du mystère eucharistique. Les âmes arrivent à la messe avec une « faim spirituelle », consciente ou inconsciente, et c’est le devoir du prêtre de conduire ses brebis vers les verts pâturages de l’Évangile et de la sainte doctrine de l’Église. 

Ce faisant, le prédicateur se nourrit lui-même : « En vous expliquant les Écritures saintes, disait Saint Augustin, c’est comme si nous vous rompions des pains. Ce que je vous distribue n’est pas mien. Ce que vous mangez, je le mange. Ce dont vous vivez, j’en vis. Nous avons notre garde-manger commun dans le ciel, car c’est de là que vient la Parole de Dieu. » Sermon 95, 1.

Pour assurer cette finalité de l’homélie qui est d’enseigner    les    âmes, l’éloquence du prédicateur peut être utile. Mais elle n’est qu’un instrument dont le Seigneur peut très bien se dispenser. De la même façon que Jésus se donne à nous dans l’extrême humilité des espèces eucharistiques, le Maître intérieur aime parfois agir à travers un prédicateur monotone et terne. La fécondité de la parole humaine dépendra toujours de l’action du « Maître intérieur ». Nous pouvons vous avertir en faisant du vacarme avec notre  voix,  disait  Saint Augustin ; s’il n’y a pas à l’intérieur quelqu’un pour vous instruire, c’est en vain que nous faisons du bruit » (Sermon sur la première Lettre de saint Jean). À cet égard, la sainteté de vie d’un prédicateur peu éloquent vaut infiniment plus qu’un verbe raffiné mais pauvre d’amour de Dieu. Le grand prédicateur dominicain du 19e siècle, le Père Lacordaire, se souvenant d’un voyage à Ars où il était allé écouter Saint Jean-Marie Vianney, disait de ce dernier : « Moi j’at- tire  les  gens  sur  les confessionnaux (une fois les gens étaient montés sur un confessionnal pour l’écouter), lui il les attire dedans ».

Que l’homélie ne soit donc pas pour nous le divertissement dominical qui viendra émoustiller nos oreilles, mais le temps où nous nous rendons disponible à l’action du Christ dans notre vie. Puissions-nous nous retirer de chaque homélie un fruit à traduire en petite résolution, avec la grâce de Dieu.  

Abbé Paul-Marie Hédon 

Rédigé par paroissedechaumontsurloire

Publié dans #Le sujet du mois, #Formation

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