A l’école des saints - La vie de Saint Marcellin Champagnat (1789 – 1840)
Publié le 1 Octobre 2024
prêtre mariste fondateur des petits frères de Marie
(Mgr Laveille – 436 pages – Téqui – 1921)
Au lendemain de la révolution, l’Église de France se relève péniblement. Dans le diocèse de Lyon, le grand séminaire prépare une véritable élite spirituelle, prélude au grand siècle des saints que sera le XIX° siècle. En effet, Marcellin Champagnat progresse en compagnie de trois futurs grands pasteurs : Louis Querbes, fondateur des frères de St Viateur consacrés à l’enseignement ; Louis Colin, cofondateur des pères maristes et Jean-Marie Vianney, futur curé d’Ars pour lesquels Marcellin voue une profonde amitié et une grande admiration.
Issu d’une famille rurale de 10 enfants, Marcellin, fort peu instruit mais animé d’une Foi vive transmise par sa mère est sollicité (1805) pour entrer au séminaire ; c’est la révélation : « je réussirai, puisque Dieu m’appelle ».
Très scrupuleux, il est vite un modèle d’obéissance, d’humilité, d’affabilité et de douceur. Il consacre tous ses temps libres à développer sa culture intellectuelle et mûrit un projet d’éducation des enfants des campagnes sous le regard de Marie avec l’idée de former des frères pour l’assister. Il est ordonné en 1816 et devient vicaire à La Valla, village perdu dans les monts du Forez.
Une paroisse déchristianisée que Marcellin attire à lui par la douceur et un enseignement simple et rigoureux d’abord tourné vers les enfants. Dès 1817, deux jeunes ignorants viennent l’épauler ; ils sont cinq l’année suivante. Les frères se forment ; la petite école paroissiale se développe dans un total dénuement. Aux critiques de certains confrères, il répond que « les ressources qui doivent servir de fondement à une congrégation sont la pauvreté et la contradiction ; or celles-là ne nous manquent pas, grâce à Dieu, et c’est ce qui nous donne l’assurance que Dieu nous bénira. » Rapidement, la petite communauté se développe malgré les oppositions, grâce au soutien de l’archevêque. Dans un total abandon à la Providence, il lance la construction de « l’hermitage » (sans ressources, c’est la communauté qui maçonne et charpente) qui permettra d’accueillir les novices. En 1827, le jeune institut a 16 écoles et 2000 élèves.
Le père exprime un regard exigeant sur ce que doivent être les frères de l’institut : « Un frère est une âme prédestinée à une grande piété, à une vie très pure…. C’est l’homme sage dont parle Isaïe, qui passe sa vie à jeter des fondements...Il jette les fondements du progrès religieux des paroisses. Les enfants sont la pépinière de l’Église… Il jette les fondements de l’éternité de l’enfant. Le salut ou la damnation d’un enfant dépend en grande partie de l’éducation qu’on lui a donnée. » Par un travail acharné, le père Marcellin donne à ses frères des conseils pédagogiques qui font vite de leurs écoles des références recherchées par la population. Il rédige « le guide des écoles » qui donne comme clé du succès la discipline : « c’est l’autorité morale qui seule, assure au maître l’influence profonde et continue dont il a besoin pour élever véritablement l’enfant ». L’autorité doit être ferme, sévère s’il le faut, mais douce : « montrez-vous leurs pères plutôt que leurs maîtres, et alors ils vous respecteront et vous obéiront sans peine ».
A partir de 1838, la santé du père décline ; il fait nommer le frère François comme supérieur de l’institut sous l’autorité d’un supérieur général, le père Colin lui-même supérieur des pères maristes. Dès lors les témoignages abondent : « Il est si bon, disent les paysans, et il sait si bien arranger toutes choses, qu’on ne peut s’empêcher de faire ce qu’il conseille et ce qu’il veut. » et un frère naguère réprimandé : « Si tout autre que lui m’eût adressé une pareille réprimande, je me serais révolté ; mais, tout en me disant mes vérités, il s’est montré si charitable, que, loin d’être fâché contre lui, je l’aime plus qu’auparavant. »
A la mort du père, l’institut est en pleine expansion ; lors du procès de l’ordinaire, en 1900, l’institut (érigé en congrégation en 1863) compte 6000 membres, 712 écoles et 100000 enfants scolarisés. Le père Marcellin est déclaré vénérable par Benoit XV en 1920, béatifié par Pie XII en 1955 et canonisé par Jean-Paul II en 1999. G.G.
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