Le Linceul de Turin : enquête sur une énigme
Publié le 27 Mars 2024
Le Linceul de Turin
Enquête sur une énigme
Bertrand Labouche – éditions Georama 2023 – 70 pages
Lorsqu’à la demande du duc de Savoie, la photographie du Linceul fut prise le 28 mai 1898 par Secondo Pia, un constat hallucinant s’imposa : le négatif de la photographie révéla une image positive ; donc le Linceul est une reproduction en négatif du corps de l’homme qu’il a enveloppé. Dès lors, le Linceul devint l’objet archéologique le plus scruté au monde. Une littérature pléthorique de plus en plus précise accompagna les recherches depuis l’étude du docteur Barbet au récent livre de l’historien J.C. Petitfils. En outre, plus de 7 millions de visiteurs sont venus contempler l’image lors des 5 ostensions, de 1898 à 1922.
Tout l’intérêt de ce petit livre très accessible est de faire le point sur les certitudes actuelles : « l’objet de ce petit livre n’est pas d’offrir la liste de tous les arguments pro et contra, mais de s’en tenir à des choses certaines. C’est essentiellement la convergence des analyses scientifiques, mais aussi scripturaires, historiques, iconographiques qui retiendra notre attention. »
Aujourd’hui, l’on est capable de tracer l’itinéraire du linceul depuis le IIe siècle. L’observation attentive a permis de déterminer le nombre de coups de fouets reçus par l’homme du Linceul, à partir des impacts profonds imprimés dans le tissu (110 à 120 impacts), ainsi que la nature exacte des fouets utilisés. Et bien d’autres informations d’un intérêt capital.
La datation au carbone 14, réalisée en 1988, a longtemps été l’objet de controverses (elle datait l’objet du XIVe siècle). Cependant la preuve a été faite que l’opération s’est déroulée sans tenir compte des protocoles, avec une légèreté coupable. C’est pourquoi, le 15 février 2019, l’université d’Oxford « indique clairement que la datation au carbone 14 de 1988 n’est pas acceptable. »
L’Église, dans sa prudence, attend d’éventuelles conclusions définitives pour se prononcer sur la nature du Linceul. Les papes, jusqu’à ce jour, invitent les fidèles à la vénérer comme une icône. Il est cependant très clair que les traces d’agonie et de crucifixion examinées sur le Linceul, sont en tous points exactement conformes à la description des Écritures. « Ce n’est pas simplement une pièce officielle, comme serait par exemple un procès-verbal dûment signé et paraphé : c’est un décalque, c’est une image portant avec elle sa propre caution. Plus qu’une image, c’est une présence. » (P. Claudel) G.G.