Matthieu Talbot (1856-1925), de l’alcoolisme à la sainteté
Publié le 25 Avril 2022
Matthieu Talbot (1856-1925), de l’alcoolisme à la sainteté
Frédéric Kurzawa, Salvator 2020, 174 pages.
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Dans une Irlande colonisée par la Grande-Bretagne et gouvernée avec un cynisme allant jusqu’à la volonté d’extermination du petit peuple (grandes famines de 1845-47 et de 1877–79), la population est mue par un nationalisme renforcé par les famines à répétition du fait que terres et postes sont confisqués par l’élite britannique.
Matthieu est de ces familles très catholiques dans lesquelles l’éducation est imprégnée de spiritualité. Mais les malheurs du temps amènent nombre de jeunes à s’abandonner à la boisson. C’est le cas de Matthieu qui quitte l’école à 12 ans pour travailler dans une boutique de vins (pendant 4 ans) et s’adonne à l’alcool à l'imitation de ses collègues. Devenu un véritable ivrogne jusqu’à laisser ses chaussures en gage lorsqu’il manque d’argent, il demeure cependant fidèle à son engagement professionnel, à son “ave maria” quotidien et à la messe dominicale.
Un jour de 1884 – il a 28 ans – désargenté, il attend qu’un compère lui offre à boire; mais tous l’ignorent. C’est une révélation ; dépité de voir cet égoïsme, Matthieu est envahi par la grâce ; c’est son “chemin de Damas”.
Très prudent quant à sa faiblesse, il fait un vœu de tempérance de 3 mois qui sera renouvelé à deux reprises et désormais, ne boit plus du tout. Cette “conversion”, il l’accompagne d’un radical changement de vie : confessions hebdomadaires, messe quotidienne à 5H. ou 6H. Selon la saison, vie ascétique accompagnée de macérations, jeûnes fréquents, rosaire quotidien, don de l’essentiel de ses revenus à plus pauvres que lui, abandon total à Notre-Dame.
Devenu tertiaire franciscain en 1891, il s’efforce d’appliquer strictement la règle de l’ordre tout en poursuivant son travail scrupuleusement et efficacement bien que les tâches soient très dures puisqu’il s’agit d’une entreprise de bois. Entièrement tourné vers ses dévotions, il refuse une proposition de mariage considérant que cela ne pourrait s’accorder à son mode de vie.
Son admiration et son désir d’imitation va à St François d’Assise dont l’idéal de pauvreté le fascine: “la pauvreté n’est-elle pas le moyen de convertir les richesses terrestres en trésors célestes?”
Matthieu est devenu Un véritable mystique tout en s’occupant de son travail et de sa mère avec la plus grande attention. Il traverse les aléas liés à la “Pâque sanglante” (1916) et à la guerre d’indépendance (1919 -21) tourné vers le Seigneur. Dans l’admiration de ses concitoyens qui se sentent moralement soutenus par son attitude, il meurt épuisé en 1925. Paul VI le déclare vénérable en 1975. G. G.