Charles de Foucauld (1858-1916)

trasbourgeois orphelin à 6 ans, Charles est éduqué par son aïeul, le colonel Morlet. Profondément affecté, à 12 ans, par la défaite de 1871, il restera très marqué, tout au long de sa vie, par “l’esprit de revanche”, au point qu’il apprendra, en 1914, l’entrée en guerre, avec un certain soulagement. Il poursuit ses études au collège Saint Geneviève, sous la férule des jésuites; études médiocres dues à sa paresse et à sa sensualité; au cours desquelles, d’ailleurs, il perd la Foi: “Rien ne me paraissait assez prouvé: la foi égale avec laquelle on suit des religions si diverses me semblait la condamnation de toutes; moins qu’aucune, celle de mon enfance me semblait admissible avec son 1=3 que je ne pouvais me résoudre à poser.” (lettre de 1901); mais par respect pour son aïeul, il est reçu à Saint-Cyr en 1876 ce qui montre que malgré ses défauts, Charles a beaucoup de cœur.

La vie de garnison lui parait bien ennuyeuse et est ponctuée par des débauches de plus en plus graves, surtout après la mort de l’aïeul qui le place à la tête d’une fortune qu’il va dépenser sans compter en compagnie de compères et de demi-mondaines. En 1880, le 4° hussards est envoyé en Algérie où Charles, continuant ses frasques est chassé de l’armée en mars. Assagi, Il obtient sa réintégration en mai au 4° chasseurs qui combat les tribus révoltées. Là, en situation de guerre, il se révèle comme un chef respecté et un excellent soldat.

C’est à partir de cette époque que sa vie change; il s’intéresse au pays, aux hommes et à leur religion et décide, en 1883, de quitter l’armée pour entreprendre un voyage de découverte au Maroc.   Déguisé en juif ce qui en fait un marginal méprisé voire ignoré (d’où sa grande liberté d’action), il apprend l’humilité et l’abandon de soi-même: “étrange situation d’entendre durant un jour et demi, agiter sa vie ou sa mort par si peu d’hommes et de ne rien pouvoir pour sa défense” (réflexion lors d’une attaque de la caravane en plein désert).

Profondément touché par cette expérience, de retour en France, il recherche ses racines profondes. La piété des musulmans l’a très touché mais il conclut que si l’Islam a tous les atours de la séduction, seul le Christ est Vérité. C’est la conversion (oct. 1886) sous la direction spirituelle de l’abbé Huvelin. Dès lors, il va rechercher une vie proche de celle du Christ: “la faveur la plus signalée que Dieu puisse nous faire en ce monde, c’est de rendre notre vie semblable à celle que son fils a menée sur terre. Ainsi, je tiens pour certain que Dieu, en accordant ses grâces, se propose de fortifier notre faiblesse afin de nous rendre capables  d'endurer à son exemple de grandes souffrances.”

Il choisit la vie religieuse la plus exigeante, la Trappe; mais il trouve cette vie trop douce et, avec l’autorisation de l’abbé Huvelin, il s’oriente vers le désert; ordonné en 1901, il devient Charles de Jésus et établit la règle d’une “congrégation des petits frères du Sacré-Cœur de Jésus.”

Autorisé par l’autorité ecclésiastique à choisir lui-même son cadre de vie, Charles se décide à aller vers les plus pauvres, c’est-à-dire les plus captifs du démon. Il s’installe donc d’abord à Beni-abbes (1901) puis à Tamanrasset (1905-06 puis à partir de 1913). Il se voit comme un précurseur de la mission auprès des Berbères, notamment les Touaregs : “la population berbère est susceptible de si rapides progrès! Ce ne sont pas des arabes, qui en sont encore au même point qu'au temps d’Abraham; ce sont des gens de notre race ou d’une race sœur de la nôtre, qui peuvent devenir pareils à nous en un temps relativement court. Ils feront certainement des progrès.”

Malheureusement, la guerre survenant, la subversion menée par les agitateurs allemands et turcs rend la situation difficile face à des tribus incitées à la révolte qui finiront par l’assassiner le 1er décembre 1916.

Charles est béatifié en 2005 par Jean-PAUL II et sera canonisé le 15 mai 2022. G.G.