John Henry Newman
Publié le 28 Février 2022
John Henry Newman
Keith Beaumont, DDB 2010, 230 p.
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îné de 6 enfants d’une famille aisée, John-Henri apparait très vite comme un enfant studieux, très doué et même brillant. À 16 ans (il a 2 ans de moins que ses condisciples) il entre à Oxford où il est remarqué pour ses qualités intellectuelles. Excellent en latin et grec qu’il parle couramment, il étudie l’Hébreu pour pouvoir lire la bible dans les textes anciens et s’oriente vers le “sacerdoce”. Dans le monde anglican auquel il appartient, l’ordination (il est ordonné en 1825) en tant que pasteur n’est pas perçue comme un sacrement mais plutôt comme une fonction quasi- professionnelle.
Pourtant, déjà imprégné de la lecture des pères de l’Église, il en a une conception très différente: “C’est fini. Je suis à toi, Seigneur; j’ai un peu le vertige, et je n’arrive pas tout à fait à y croire ou à comprendre. Les mots ‘à jamais’ sont si terribles. Pourtant, Seigneur, je ne demande pas le réconfort mais plutôt la sanctification. Je me sens comme un homme jeté tout à coup en eau profonde.” La première conséquence qu’il tire de la sacralité du sacerdoce est le célibat nécessaire à une vie toute donnée à Dieu.
Ainsi, dès ses premiers pas de pasteur, John-Henri est très éloigné de la conception anglicane commune de la religion qui considère le pasteur - agent de L'État – comme un fonctionnaire. C'est cette soumission à l'État qui apparait scandaleuse à Newman qui, lui, pense que l’Église fondée par le Christ pour le salut des hommes ne peut être qu'universelle et fidèle à ses origines. Il en vient bientôt à développer l’idée d’une Église “Une, Sainte, Catholique et Apostolique.”
Le pas, cependant, n’est pas encore franchi. L’Église d’Angleterre ayant conservé le principe d’apostolicité, fait partie de l’Église catholique – pense-t-il - ; mais, étant réformée, elle est une “via media” entre l’Église catholique et le protestantisme. Ce n’est qu’en 1840, à la lecture de Saint Augustin, que la belle idée s’effondre. Le cheminement vers l’Église catholique est inévitable. Il se retire alors à Littlemore, dans la campagne d’Oxford (de 1842 à 1846) où il peut approfondir la valeur du monachisme (considéré comme diabolique par l’église officielle éprise de rationalité). Cette retraite le rend libre et lui permet d’approfondir la tradition catholique. Il va même jusqu’à organiser des retraites inspirées des exercices de Saint Ignace.
L’idée lumineuse que seule l’Église catholique est demeurée fidèle à l’Église primitive l'amène à la conversion: baptême en oct. 45 et ordination en mai 47. “Lors de ma conversion...je n’avais pas plus de ferveur, mais il me semblait rentrer au port après avoir traversé une tempête.”
Admirateur de St Philippe Néri, il entre à l’oratoire et fonde une maison en Angleterre qui jouera sans doute un rôle important dans l’abolition des lois anticatholiques (1850). Léon XIII le fait cardinal en 1879; sa devise, il l’emprunte à St François de Sales “cor ad cor sequitur” (le cœur parle au cœur) Benoit XVI le béatifie en 2010. G.G.
“Dieu m’a créé pour un service précis; il m’a confié un travail qu’il n’a confié à personne d'autre. J’ai une mission à remplir dont je ne découvrirai peut être jamais le sens en ce monde, mais dont je serai instruit dans l’autre. Je mettrai donc ma confiance en lui. »