Auguste Marceau, commandant de l’ « Arche d’alliance ». 1806 – 1851
Publié le 31 Août 2021
Auguste Marceau,
commandant de l’ « Arche d’alliance ».
1806 – 1851
Claudius-Maria Mayet, BNF/Hachette
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ils de famille, ce neveu du général révolutionnaire Marceau, fait de brillantes études et, au sortir de l’école polytechnique, il entre dans la marine par obéissance familiale. Officier entreprenant et courageux très vite remarqué pour ses grandes qualités de marin (légion d’honneur à 23 ans) il se montre très incrédule, abouché aux saint-simoniens, il mène une vie mondaine fort dissolue. Son défaut principal est l’orgueil qui le rend agressif à l’égard de ses supérieurs et d’une extrême dureté à l’égard des subalternes.
La mort de son neveu, en 1841, ébranle cette personnalité entière et impérieuse. Il s’interroge sur les fins dernières ; c’est la conversion. A son confesseur (aumônier de prison) il écrit : « vous avez un forçat de plus maintenant ; car les chaînes du diable que je porte et son boulet que je traîne sont autrement lourds que ceux des galériens ».
Devenu l’apôtre des siens (sa mère et sa sœur), Auguste s’efforce de mener une vie chrétienne intense en luttant contre ses défauts majeurs, le respect humain et l’orgueil. Il multiplie les œuvres de miséricorde, change radicalement d’attitude à l’égard de ses subalternes, s’impose des privations fortes et se dévoue au service de Marie avec ferveur. Il fait sienne la devise de Rancé : « vivre sans vivre en saint, c’est vivre en insensé ».
En 1844, en lien avec Mgrs Douarre et Affre (futur martyr de la commune) ainsi que quelques amis, un navire est affrété pour servir les missions d’Océanie. Auguste donne sa démission de la marine (adieu la belle carrière et les revenus correspondants) pour prendre le commandement de « l’Arche d’Alliance », faisant dire au ministre de la marine : « voilà un homme qui ne s’occupe que de son salut et des pensées éternelles, et est indifférent pour toutes les choses de la terre ».
Pendant 5 ans, l’Arche d’Alliance sillonne l’océan au service d’un diocèse qui compte 1500 îles. Devenu une véritable église flottante, le navire contribue à répandre la Foi chez des peuplades parfois très agressives (certaines pratiquant encore le cannibalisme) et souvent remontées contre les « papistes » par quelque secte protestante (les méthodistes).
A bord de l’Arche d’Alliance, l’ambiance, en lien avec les pères maristes, est à la charité : chapelet quotidien, prière en commun, messe, célébration des grandes fêtes ; tout cela facultatif mais très vite vécu par chaque membre d’équipage. Ainsi, lors du retour en France, Marceau doit embarquer 130 soldats condamnés pour mauvaise conduite. L’un d’eux, quelque temps plus tard, répétait : « Ah ! Quel bonheur d’avoir été mis aux fers, d’avoir connu l’Arche d’Alliance ! … Sans cela, je n’aurais jamais connu Dieu, ni la douceur de son amour ».
De retour en France, malade, Marceau connaît une longue agonie de 11 mois qui ne l’empêche pas de faire pèlerinages et retraites et de poursuivre par lettres son apostolat.
Il meurt dans les bras de Notre-Dame le 1 février 1851 ayant accompli la devise de Saint Augustin : « Qui non zelat, non amat ». G.G