Vie du bienheureux Franz Jägerstätter

 l'issue de la première guerre mondiale, l'Autriche, naguère à la tête du grand empire Austro-Hongrois de 59 millions d'habitants se trouve réduite à la dimension d'un État sans avenir: 6 millions de personnes de langue allemande qui se tournent naturellement vers la grande nation du nord et aspirent, pour la grande majorité d'entre elles, à une union avec l'Allemagne.

Or, l'Etat allemand, pris en main par Adolf Hitler en 1933, s'avère très vite, malgré les engagements pris auprès du Vatican (un concordat accompagné de paroles lénifiantes, signé dès cette année 33) comme un système radicalement anti-chrétien, résolument décidé à supplanter le catholicisme et tout autre forme de christianisme.

En observateur attentif, Franz Jägerstätter est consterné par l'attitude de ses concitoyens qui s'annoncent, en 1937, partisans d'un "anschluss" pour 70% d'entre eux alors que le régime "nazi" a déjà amplement montré son caractère radicalement païen.

Profondément chrétien, Franz, soutenu par son épouse, nourrit sa Foi par la lecture et la méditation de la bible et de la vie des saints, notamment celle de Thomas More, "le héros de la conscience". Il médite intensément sur le rapport entre conscience et obéissance à l'autorité civile. Bien sûr, le service de la Patrie est une vertu chrétienne ; Franz n'en doute pas. Mais, à partir de 1938, et plus encore après l'invasion de la Pologne, la question cruciale et le problème moral fondamental est que l'État allemand n'est plus en réalité que l'État national-socialiste. Les Nazis ont amalgamé les deux au point de confondre patriotisme et nazisme.

Dès lors se pose la question de l'obéissance civile : "de même que le Christ veut de nous une déclaration ouverte de notre Foi, Adolf Hitler prétend cela de ses partisans."

"Peut-on servir en même temps le Christ et satan ? "  D'où cette question que Franz pose à son évêque : "qui peut être en même temps soldat du Christ et soldat du national-socialisme ? Qui peut combattre en même temps pour la victoire du Christ et de son Église et pour celle d'Hitler ? " (dont le projet est d'éradiquer l'Église dès après la guerre).

Tout cela n'empêche pas Franz de faire son service militaire (mai 40 à avril 41) ; mais, au nom de sa Foi, il refuse de participer à "la guerre d'Hitler" et demande à être versé dans le corps sanitaire. Comme tous les opposants ayant son profil, Franz fait peur aux autorités ; il est arrêté puis transféré à la prison de Tegel (Berlin) réservée normalement aux opposants de haut niveau. Il est exécuté le 9 aout 1943.

"Celui qui sacrifie tout pour la cause de Dieu a fait le meilleur choix"

Reconnu martyr le 1er juin 2007 par Benoit XVI, il est béatifié le 26 octobre de cette même année. G. G