La contrition parfaite, clé d’or du Paradis (extraits)
Publié le 6 Avril 2020
La contrition parfaite, clé d’or du Paradis (extraits)
J. DE DRIESCH - Note consultable en intégralité sur le blog de la paroisse
Avant-propos du curé. On réalise souvent la valeur d’un bien quand celui-ci nous est soudain retiré. Les évènements très particuliers que nous vivons auront eu ce mérite de nous de faire prendre conscience du trésor trop peu estimé que le Bon Dieu met en temps normal à la portée de ses enfants : le sacrement de la confession. Privés temporairement de ce bienfait, que nous reste-t-il pour obtenir le pardon de nos péchés ? La contrition parfaite. Rappels sur un point de doctrine catholique.
Qu’est-ce que la contrition parfaite ?
La contrition est une douleur de l’âme et une détestation des péchés commis. Elle doit être accompagnée du bon propos, c’est-à-dire d’une résolution ferme de s’en corriger et de ne plus pécher. Pour que la contrition soit réelle, il faut qu’elle soit intérieure, qu’elle vienne du fond du cœur ; ce ne doit donc pas être une simple formule prononcée sans réflexion. Il n’est pas non plus nécessaire de la manifester par des soupirs, des larmes, etc… ; tout ceci peut être un signe, mais non l’essence de la contrition. Celle-ci réside dans l’âme et dans la volonté décidée de fuir le péché et de retourner à Dieu. Outre cela, la contrition doit être universelle, c’est-à-dire qu’elle doit s’étendre à tous les péchés commis, à tous les péchés mortels du moins. Enfin elle doit être surnaturelle et non pas purement naturelle, car celle-ci ne sert de rien […] Si notre repentir est fondé sur un motif d’intérêt ou de raison purement naturel (par exemple les maux temporels, la honte, la maladie) nous n’aurons qu’une contrition naturelle et sans mérite ; mais, s’il est fondé sur quelque vérité de la foi (comme l’enfer, le purgatoire, le ciel, Dieu, etc.) alors nous avons vraiment une contrition surnaturelle.
Cette contrition surnaturelle peut être, à son tour, parfaite ou imparfaite ; et nous voici amenés à notre sujet de la « contrition parfaite ». En deux mots, la contrition parfaite est la contrition fondée sur un motif d’amour, et l’imparfaite est celle qui est fondée sur un motif de crainte de Dieu. La contrition parfaite est celle qui découle de l’amour parfait de Dieu ; or, notre amour de Dieu est parfait si nous l’aimons parce qu’il est infiniment parfait, infiniment beau, infiniment bon (amour de bienveillance) ou parce qu’il nous a témoigné son amour d’une manière si admirable (amour de reconnaissance). Elle sera imparfaite, si nous nous repentons de nos fautes par crainte de Dieu, soit parce que le péché nous a fait perdre la récompense qui nous était promise : le ciel ; soit parce que nous avons mérité le châtiment imposé aux pécheurs : l’enfer ou le purgatoire.
Un exemple nous le fera mieux saisir. Lorsque Saint Pierre eut renié le Sauveur, « il sortit et pleura amèrement ». Pourquoi pleura-t-il ? Était-ce pour la honte qu’il allait éprouver devant les autres apôtres ? En ce cas, c’eût été une douleur purement naturelle et sans mérite. Est-ce parce que son divin maître va peut-être le dépouiller de sa dignité d’apôtre et de pasteur suprême ou le chasser de son royaume ? La contrition en ce cas serait bonne, mais imparfaite. Mais non, il se repent, il pleure, parce qu’il a offensé son Maître bien-aimé, si bon, si saint, si digne d’amour. Il pleure parce qu’il a répondu à cet immense amour par une noire ingratitude : et c’est là la contrition parfaite. […]
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Comment obtient-on la contrition parfaite ?
Il faut se rappeler tout d’abord que la contrition parfaite est une grâce, et une grande grâce de la miséricorde de Dieu. Il faut donc la lui demander instamment […] : elle doit être l’objet de nos plus ardents désirs. Répétez donc souvent : « mon Dieu, accordez-moi la parfaite contrition de tous mes péchés. » Notre Seigneur exaucera votre prière, s’Il voit en vous un sincère désir de Lui plaire.
Est-il difficile de faire un acte de contrition parfaite ?
Sans doute, l’acte de contrition parfaite est plus difficile que l’acte de contrition imparfaite, requis pour la confession. Mais il n’est personne qui ne puisse, avec la grâce de Dieu, obtenir la contrition parfaite, pourvu qu’on la désire sincèrement. La contrition est dans la volonté et non dans le sentiment. Il suffit de nous repentir pour un des motifs énoncés, c’est-à-dire parce que nous aimons Dieu par-dessus toutes choses ; c’est en cela et non dans l’intensité ni dans la durée, que consiste notre contrition. […] Quelques paroles suffisent souvent pour exprimer l’amour le plus ardent et la contrition la plus sincère. Telles sont, par exemple, les oraisons jaculatoires : […] « Mon Jésus, miséricorde ! », « Mon Dieu, je vous aime par-dessus toutes choses ! », « Mon Dieu, ayez pitié de moi pauvre pécheur », « Mon Jésus, je vous aime ».
Quels effets produit la contrition parfaite ?
Pour le pécheur (sous-entendu en état de péché mortel, NDLR), grâce à elle, il reçoit immédiatement le pardon de chacune de ses fautes même avant de se confesser. Il faut cependant qu’il soit résolu à se confesser en temps opportun, mais cette résolution est comprise dans la contrition parfaite. Toutes les fois qu’il fait un acte de contrition parfaite, les peines de l’enfer lui sont aussitôt remises, il recouvre tous les mérites passés, et d’ennemi de Dieu, il devient son fils adoptif et héritier du ciel.
Pour le juste, la contrition parfaite augmente et fortifie l’état de grâce ; elle efface les péchés véniels qu’il a détestés, lui obtient la rémission des peines de ses péchés et accroît en lui le vrai et solide amour de Dieu. Voilà les merveilleux effets de la miséricorde divine dans l’âme du chrétien par la contrition parfaite. […]
Peut-être, maintenant serez-vous tenté de dire : « S’il est facile d’obtenir la rémission des péchés par la contrition parfaite, je n’ai plus à m’inquiéter de la confession : je pécherai sans scrupule et j’en serai quitte pour un acte de contrition parfaite ! » Celui qui raisonnerait de la sorte n’aurait pas même l’ombre de la contrition parfaite. Il n’aimerait pas Dieu par-dessus toutes choses, puisqu’il n’aurait pas la volonté sérieuse de rompre avec le péché et de changer de vie, condition également requise pour la confession et la contrition parfaite. Il lui manque la bonne volonté, et sans la bonne volonté, il n’aura pas la grâce de Dieu nécessaire pour tout acte de contrition. Il pourra bien se tromper lui-même, mais il ne pourra jamais tromper Dieu. Celui qui a vraiment la contrition parfaite est entièrement résolu à renoncer au péché mortel ; il se purifiera le plus tôt possible, dans le sacrement de pénitence et, par sa bonne volonté, aidé de la grâce de Dieu, il se préservera du péché et s’affermira de plus en plus dans l’état de fils de Dieu.
La contrition parfaite est d’un grand secours pour ceux qui veulent loyalement et sincèrement recouvrer et conserver l’état de grâce, et surtout pour ceux qui tombent dans le péché par l’habitude, c’est-à-dire qui malgré leur bonne volonté retombent, de temps en temps, à cause des mauvaises habitudes et de leur propre faiblesse. Mais il en est tout autrement pour ceux qui font de la contrition parfaite un moyen de pécher impunément : ceux-là changent ce divin remède du parfait repentir en un poison infernal.
Quand doit-on faire l’acte de contrition parfaite
[…] Tous les soirs, dans votre prière. […] Quelques minutes suffisent. […] Pensez quelques instants aux fautes et aux péchés de la journée et récitez lentement et avec ferveur, aux pieds du crucifix, l’acte de contrition. Alors vous pouvez dormir tranquille, vous avez pris congé du Bon Dieu et Il vous a répondu en vous pardonnant vos péchés. […] Si vous aviez jamais le malheur de commettre un péché mortel, ne restez pas dans cet état, relevez-vous par la contrition parfaite, relevez-vous sur le champ ou du moins à votre prière du soir, et confessez-vous sans retard. Enfin, cher lecteur, tôt ou tard sonnera pour vous l’heure de la mort, et si, ce qu’à Dieu ne plaise, elle se présentait à l’improviste, vous savez le remède, vous avez où se trouve la clé du ciel. Recourez aussitôt à Dieu, et si, pendant la vie, vous vous y êtes exercé assidûment et volontiers, ni le temps, ni la grâce ne vous feront défaut pour faire l’acte de contrition parfaite qui vous sauvera.