Rien ne va plus à Nazareth.

Publié le 4 Janvier 2019

Rien ne va plus à Nazareth…

Les plaintes de la scie se sont tues. Les aboiements du marteau ont cessé. Joseph, charpentier de Nazareth, vient de quitter son atelier. Il s’en va faire la livraison d’une commande. Un silence paisible s’apprête à prendre tranquillement possession des lieux quand soudain, jaillissant de tous les coins de l’atelier, les outils se réunissent dans un grand vacarme au milieu de l’établi. Ils se sont passé le mot : on profitera de l’absence du Maître, pour tenir conseil et mettre fin à une situation devenue insupportable. Finie la fausse paix, les politesses hypocrites auxquelles on s’obligeait, en présence du Patron. Il est venu le jour de régler les comptes et d’exclure de la communauté des outils un certain nombre de ses membres.

L’un prit la parole et dit sans se gêner : « Il nous faut exclure notre sœur la scie, car elle mord et grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde ». Un autre ajoute : « Nous ne pouvons pas garder notre frère le rabot, qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu’il touche ». Quant au frère Marteau, dis un
autre, je lui trouve un caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et il nous tape sur les nerfs. Excluons-le ». « Et les clous, dit encore un autre ? Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu’ils s’en aillent. Et que la lime et la râpe s’en aillent aussi ! A vivre avec elles, ce n’est que frottement perpétuel ! Et qu’on chasse aussi le papier de verre qui ne fait que froisser tout ce qu’il touche ».

Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier de Nazareth. Tout le monde parlait à la fois, c’était un vrai chahut. L’histoire ne dit pas si c’était le marteau qui accusait la scie ou le rabot la lime, mais il est probable que ce fut ainsi, car à la fin de la palabre, tout le monde se trouvait exclu.  La réunion bruyante prit fin lorsque les outils entendirent les pas de Saint Joseph. Quand il s’approcha de l’atelier, tout le monde se tut.

Il entra, saisit une planche avec la scie qui grince ; il la rabota avec frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu’il touche. Tous les instruments entrèrent en action les uns après les autres : frère ciseau qui blesse si cruellement, notre sœur la râpe au langage si rude, frère papier de verre qui froisse… L’époux de Marie prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage. Il se servit de tous ces outils au caractère si difficile pour fabriquer un magnifique petit berceau : le berceau du Fils de Dieu.

Libre adaptation d’une légende suédoise

 

 

Rédigé par paroissedechaumontsurloire

Publié dans #Formation, #Le sujet du mois

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